des contes de Lola

des contes de Lola Dogo Canario

Dogo Canario

La robe noire - article d'Irema Curto

La robe noire - article d'Irema Curto

La robe noire Du Perro de Presa canario, est devenue en peu de temps un scandale parmi les directeurs du club. Quelques années auparavant la création de cette association, j’avais écrit un article dans lequel j’émettais l’hypothèse que la couleur noire pouvait venir du fait que les Perros de Presa étaient croisés avec des grands Danois noirs. J’ignorais à l’époque qu’il avait existé des chiens de bétail de Majorero avec des robes de couleur noire. Il en résulte en fait, qu’au début des années 60, des recherches superficielles avaient été effectuées sur l’origine de ces chiens. Aujourd’hui, nous en savons plus sur leur sujet.

 


Par exemple, les presas des siècles derniers n’ont rien à voir avec ceux des années 20 à 50, et ces derniers n’ont pas grand-chose à voir avec les presas actuels. En outre, nous ne devons jamais faire l’erreur d’assimiler les chiens des indigènes Canariens à ceux des conquérants et des colons ramenés de la péninsule ibérienne.


Les chiens des indigènes sont restés très longtemps sur les îles. Les chiens de bétail (ayant tous un passé commun sur toutes les îles de l’archipel et dont la seule variété qui aujourd’hui subsiste est le majorero), les chiens de presa, les chiens d’eau, les Mâtins, les chiens de chasse, les roquets, et les dogos, mentionnés ici et là sur les documents historiques, étaient tous d’origine espagnole. De ces races originelles, la seule qui existe encore aujourd’hui est celle du Perro de Ganado Majorero (ou chien de bétail de Majorero, qui est une espèce (ou sous-espèce) dérivée des vieux chiens de bétail, également d’origine espagnole) et celle du Podenco canario (chien de chasse Canarien). Maintenant que cela est dit et n’oubliant pas que le sujet de cet article demeure la robe de couleur noire des Presas Canarios, focalisons nous sur la première référence connue à cette couleur sur un chien Canarien.


La conquête des îles Canaries a eu lieu en 1497. Au fil de la colonisation, la population indigène a été décimée et leur société totalement démystifiée. Leurs terres ont été partagées entre les Européens, seule une petite minorité indigène collabora avec les conquérants. Après la découverte des Amériques, une partie des conquérants des îles Canaries sont partis pour le nouveau monde, emmenant avec eux quelques indigènes Canariens pour les aider dans cette nouvelle conquête.


Et « sur l’île Espagnole, Juan canario et son chien noir étaient célèbres » (citation de Histoire générale des îles canaries de Joseph de Vieja y Clavijo). Il est inutile de spécifier que ce chien a très probablement rapporté des bénéfices, tout comme Becerillo et Leoncillo, employés par l’armée de Diego de Salazar. Le chien de Juan canario était-il un presa ? Nous ne en sommes pas sûrs mais il est possible que les chiens qui accompagnaient l’espagnol dans la conquête des Amériques étaient eux des chiens de Prise (en conclusion de la documentation peu abondante que j’ai pu recueillir).


Comme nombre d’autres chiens de son espèce, ce chien « noir » a quitté les Canaries pour le nouveau monde. Je voudrais indiquer ici, que les perro de presa de l’île (d’origine espagnol) ont été croisés dans le but de les utiliser dans la conquête des Amériques. Il est également possible que ces chiens furent des chiens de bétail, étant donné leur réputation de chiens féroces et courageux.



Si le chien de Juan Canario était noir, il est aisé de déduire que d’autres Perro de Presa Canario l’étaient aussi.


A ce jour, il reste des chiens de bétail noirs sur les îles. Malheureusement pour le Perro de Ganado Majorero, le standard officiel ne reconnaît qu’une seule couleur de robe (bringée :grave erreur que l’on devra corriger).


A l’heure actuelle, nous avons trouvé beaucoup de référence aux Perros de Presa noirs ; parmi les plus célèbres, on note :


-El Negro (noir comme son nom l’indique), qui combattu contre Muchacho sur Gran Canario en 1928


- El Negrito, qui appartenait à Salvador Hernández Rodriguez sur Gran Canary dans les années 1950


- Nauce, Appartenant à Luis Barrera (Gran Canary, année 1950)


- Asesino, appartenant à Trujillo Rodriguez (Gran Canary, années 1950)


- Une excellente photographie représente Juan Falcon Lorenzo en compagnie de son presa noir, dans la ville de Banaderos sur l’île de Gran Canaria en 1957


- Il existe une autre photographie, prise dans Bocabarranco de Galda, sur l’île de Gran Canary, de Moro, qui appartenait à Panchito Saavedra dans les années 1950


- Depuis les années 1960, nous possédons une photographie extraordinaire que nous a donné il y a plusieurs années José Rivero de Las Mercedes sur Tenerife sur laquelle on le voit en compagnie d’un groupe d’amis et de son impressionant presa noir


- Del Tinto est le nom d’un autre presa noir, né à Vecindario sur l’île de Gran Canary dans les années 1970 et qui appartenait à Trujillo Rodriguez, de qui j’ai obtenu plusieurs photographies, comme de Moreno. Le frère de portée de Del Tinto, appartenant à Pepito, alias El Cojo sur Las Palmas sur Gran canary était lui aussi noir, tout comme un grand nombre de Presa que je n’ai pas nommé ici.


Après les débats ardents du 28 avril 1989, le premier standard de la race rédigé sur le champ de foire de Las Palmas (sur l'île de Gran Canary), le robe noire du Presa Canario a été accepté par la RSCE et plusieurs pédigrées de presas noirs ont été enregistrés.

ORIGINES DE LA ROBE NOIRE


Quant aux origines du chien noir de Juan Canario, je suis tenté de dire que la robe noire était une robe assez commune, au même titre que la robe bringée ou la robe sable. La robe noire des Presas du début du siècle jusque dans les années 1960 pourrait provenir des chiens de bétail Canariens, des Matins espagnols noirs, des grands Danois, etc… Dans les années 1920, il n’y avait plus aucun presas canarios antiques, d’ailleurs nous ne savons même pas à quoi ils ressemblaient. Les Canariens ont alors commencé à croiser différents types de chiens afin d’obtenir les chiens les plus combatifs afin de les utiliser dans les pechadas (terme canarien désignant les combats de chiens). Les chiens alors nés de ces croisements furent nommés comme leurs prédécesseurs, bien qu’ils n’aient pas eu grand-chose à voir avec le Perro de Presa Canario d’origine. Je défends la thèse que le Perro de Presa canario a complètement disparu de la carte, sans l’ombre d’un doute. Par contre, je crois de plus en plus que les chiens de bétail de Majorero de race actuels ont dans leurs origines le vieux Perro de Presa Canario : des traces phénotypiques, des similitudes morphologiques et des modèles comportementaux confirment ceci.

En fait, ce n’est pas du tout étrange de supposer que des mélanges ont été réalisés pour une raison ou une autre pendant les quatre siècles dans lesquels les deux races ont cohabité. Nous n’entamerons pas une discussion sur l’influence occasionnelle qu’il y a pu y avoir avec des chiens d’autres origines. Une telle influence qui a pu existé entre les années 1500 et 1800, mais elle serait si négligeable que, même si elle avait vraiment eu lieu, elle n’aurait pas eu un impact conséquent sur les caractéristiques raciales des chiens de l’île, dont la caste fut régénérée grâce aux importations périodiques de la péninsule ibérienne.



LA ROBE NOIRE DANS LE PRESA ACTUEL



La robe noire sur le Presa Canario "moderne" provient plus ou moins du Perro de Ganado Majorero, du grand Danois, du Mâtin Napolitain et de l’ American PitBull terrier. Les radicaux opposés à la robe noire contestent cette couleur, s’appuyant sur l’hypothèse qu’elle est le résultat des croisements effectués entre les Presas canarios et les grands danois Noirs (basant leur théorie sur, je pense, un article que j’avais écrit et qui fait référence à cette idée).


(Perro de Ganado Majorero)

(grand Danois)

(Mâtin Napolitain)

(American PitBull terrier)


Il est certain qu’un nombre de presas noirs sont les descendants d’une branche ou d’une autre du Grand Danois, mais il n’en demeure pas moins que les Presas fauves, sables ou bringés descendent des BullMastiff, des Mastiff, des Mâtins Napolitains, etc…



(BullMastiff)

(Mastiff)


Aujourd’hui, nous savons tous que le Presa Canario est issu de croisement de plusieurs races dont le Presa ainsi que d’autres durant ces 25 dernières années, à l’exception de certains spécimens dont nous n’en connaissons pas davantage. Et je pense que le fait de refuser la robe noire parce que cela était la preuve qu’on l’avait croisé avec des Grands Danois Noirs relève de la pure précipitation. Si nous appliquions la règle à d’autres couleurs, nous devrions refuser la robe fauve, transmise par les croisements répétés avec le BullMastiff. Aucune couleur n’est en fait défendable dans le standard en raison du peu que l’on connaît du Perro de Presa antique.



Pour ces raisons, il me semble que nous devons concentrer nos efforts sur la défense du standard du Presa Canario. Et en aucun cas nous ne devons autoriser la modification du standard de la RSCE. Il faut particulièrement prêter attention au paragraphe sur les couleurs dans lequel le noir est inclus.



Manuel Curto Gracia

Paru dans le magazine Cani Da Presa N° 8 de Mars/avril 1999.




Pensée des contes de Lola :

Il nous a paru intéressant de traduire et de mettre en ligne cet article car il explique bien pourquoi certains éleveurs produisent des chiens noirs. En effet, au cours de nos recherches, nous avons découvert de très nombreuses photos de perro de presa canario noirs datant du début et de la moitié du siècle dernier et cet état de fait nous a laissé perplexes.  Néanmoins, nous ne cherchons pas à défendre la robe noire au niveau du standard FCI : nous cherchons juste à réfléchir sur ce sujet et à comprendre le courant de pensée des défendeurs du perro de presa canario ainsi que la raison pour laquelle cette couleur a été bannie du premier standard rédigé.