des contes de Lola

des contes de Lola Dogo Canario

Dogo Canario

Interview de Juan Carlos Asensio

Interview de Juan Carlos Asensio

(Alicates de Atlas Asio)


Interview de Juan carlos Asensio par Luis Lozano


Dans l’optique de connaître plus en détail le Presa canario, nous avons décidé d’interviewer l’un des principaux représentants de la race de la péninsule ibérienne : M. Juan Carlos Asensio. L’un des principaux acteurs de la race nous indique que ses chiens ont le caractère, le regard et surtout la fidélité envers leurs maîtres dont faisaient preuves leurs ancêtres. Ses presas sont des chiens universels, capables de satisfaire le maître le plus exigeant.

M. Asensio, éleveur controversé, possède une foule d’inconditionnel mais aussi de nombreux détracteurs. Considérant ceci, nous ne pouvions manquer cette occasion de nous entretenir avec lui, espérant qu’il nous aide à comprendre cette race étonnante qu’est le Perro de Presa Canario.





(Yoko de Atlas Asio)


Q. - comment et quand avez-vous connu le Presa Canario?

A. Je ne me rappelle pas exactement, j'étais très jeune. Ce dont je me rappelle, c’est d’un chien  qui m'a fortement impressionné. J'étais alors très jeune, ce chien était célèbre pour être un vrai diable avec les étrangers et très sociable avec les enfants. J'imagine que c'était un presa mais je n’en suis pas sûr. Son aspect, sa couleur de robe et son nom "GUANCHE" m'a incité à penser que c’en était un. Plus tard, dans une exposition internationale, une mention spéciale a été faite au sujet d'un couple de Presas Canarios pour être une race en voie d’extinction et était l’objet d’un plan de récupération. Un des juges, alors à côté de l’un de ces presas commença à applaudir jusqu’au moment où le presa se retourna et le mordit. J’étais dès lors décidé à m’investir dans cette race.

Q. -Pouvez vous nous dire quand vous avez commencé à vous investir dans le presa et ce que vous aviez prévu pour cette race ?

A.  Après cette exposition dont je vous ai parlé, j'ai décidé d’obtenir quelques chiennes et chiens de Las Palmas mais également de Tenerife, de les comparer. On pouvait s’apercevoir que les chiens de Las Palmas étaient plus enclins au combat tandis que ceux de Ténérife étaient de grands chiens de garde. J’ai alors commencé à croiser les sujets sur ce que je pensais être de bons critères. J’obtins alors un chien puissant, capable de défendre ses terres contre n’importe quelle autre race et idéal pour la garde et la défense.

 


(Romo de Atlas Asio)


Q. – pourquoi existait il des différences entre les chiens de Las Palmas et les chiens de Tenerife ?

A. - Le Perro de Presa Canario est une race très singulière et caractéristique des Canariens, chaque "presero" possède ses propres critères. Je crois que c’est pour cette raison que les divergences existent. Je sais que certains bons mâles d’une île ne montaient pas de bonnes femelles de l’autre. C est l'une des raisons principales pour laquelle ils n’ont pas réalisés ce que j’ai réalisé dans le monde du Presa Canario, et également la raison pour laquelle je ne suis pas aimé des vieux preseros. Bien que les anciens preseros aiment aujourd’hui mes presas, pourtant vivant sur la péninsule, car mes chiens sont fonctionnels et pas des outils commerciaux.

 

Q. – Selon vous pourquoi le caractère et le tempérament du Presa Canario ont été dénaturés ?

A- Il a toujours existé des molosses et des molossoïdes d’aspect impressionnant, doté d’un gros caractère dans des pays comme la Mauritanie, le Maroc, etc… Ce sont des pays peu développés qui emploient ces chiens seulement dans le but pour lesquels ils ont été créés, ils ne sont pas vendus dans un but uniquement lucratif, ils ne sont pas de la marchandise. Nous pouvons penser que c’est une honte de ne pas avoir accès à ces chiens, mais nous pouvons penser que, si nous nous les approprierions, ces chiens perdraient leur caractère originel et leur tempérament, et nous commencerions à parler de standard, de pedigrees. Ces chiens sont purs, jamais ils ne seront présentés à un juge dans une exposition de beauté, leurs seuls juges resteront leurs maîtres, ils les évalueront uniquement sur leurs valeurs aux travail, leurs aptitudes à la garde, la chasse, la conduite des troupeaux, etc… Si cela avait été le cas pour les races autochtones espagnoles, nous n’aurions vamais vu de Perros de Presa canarios atteints de dysplasie et dénués de caractère, d’Alanos Espagnols sans instinct pour la capture et des Majoreros très faibles, les propriétaires, les éleveurs ou même la nature auraient été obligé de les rejeter. Prenons l’exemple des lévriers Espagnols, les meilleurs sont ceux qui remplissent le mieux les fonctions pour lesquelles ils ont été créés, à savoir la course au lièvre, ceux-ci ont gardé leur instinct authentique, la majorité des propriétaires de ces chiens ne se souviennent pas de leur pedigree, et 99,9% de ces chiens ne fouleront jamais un ring d’exposition, pourquoi ? Car sa véritable beauté réside dans sa fonctionnalité, et seules les aptitudes au travail entreront en ligne de compte lors de la sélection des reproducteurs, certainement pas la proportion de blanc sur la robe ou la hauteur au garrot. Je crois que j’ai résumé clairement les raisons du déclin de l’ «  AUTHENTIQUE PERRO DE PRESA CANARIO », surtout à cause de la commercialisation et l’esprit de profit d’éleveurs sans scrupules essayant d’accumuler de l’argent au lieu d’être sélectif ont priorisé les contrats de vente et les pédigrées sans se soucier de ce qui était réellement important, ce sont eux qui ont vraiment nuit à la race.

 


(Drago de Atlas Asio)


Q.Pour vous, à quoi ressemble un bon presa canario? Esthétiquement parlant.


A. - le mythe d'un standard peut ruiner n'importe quelle race. Comme je l’ai déjà dis, j’ai toujours accordé plus d’importance au caractère et à la fonctionnalité du chien qu’à l’esthétique. Ils ont naturellement un aspect que l’on ne pourra jamais oublier, les chiens doivent avoir une lourde et épaisse ossature, les pattes doivent être dans l’ensemble correctes, ce ne sont pas des produits de beauté, nous ne devons pas tenir compte du poids du chien, les pattes doivent plus ressembler à des pattes de lion plutôt qu’à des pieds de chats. Une petite tête n’est pas souhaitable car le Presa Canario est un molosse. Quant à la couleur de la robe, ce n’est pas quelque chose que je considère d’important, la plupart de mes chiens, ils sont bringés, quelques fois fauves, le noir, le blanc ou le feu dans des proportions plus ou moins importantes m’est bien égale. Nous devons tenir compte que, malgré le fait que nombre de personnes n'accepteront jamais ces dernières, beaucoup de races comme l’ Am-Staff, le PitBull, le Bull Terrier, le dogue Allemand, le Mâtin de Naples, d’autres types de Mâtins et beaucoup d’autres ont servi à la reconstruction de la race, c’est pourquoi l’apparition de blanc, ou de noir pour certains exemplaires, est logique. Tout ceci ne date pas d’aujourd’hui, les îles Canaries ont été une étape obligatoire pour tous les négociants et les bateaux de guerre, pour se réapprovisionner en vivre et en eau potable. Ces bateaux, anglais pour la plupart, avaient à leur bord des chiens de combat, des vieux bulldogs anglais, des bull terriers, des pitbulls, ces chiens se sont croisés avec les Perros de Presa des îles. Depuis ceci, l’apparition de blanc ou de noir, génétiquement parlant, est logique.



Q.Et pensez vous qu’à son tour, le presa canario a également contribué à la reconstruction d’autres races ?

A. Tout à fait, bien que beaucoup nient également ce fait. Prenons l’exemple des Alanos, il est avéré que des Presas Canarios légers ont été croisés avec eux. Mais n’entrons pas dans les polémiques

 

 



(Bull de Atlas asio)


Q. – L’un de vos chiens a-t-il déjà été présenté dans une exposition ?

A. - je n’ai jamais présenté aucun de mes chiens à une seule exposition, mais des propriétaires ayant acheté des chiens chez moi si. Les résultats que mes chiens ont obtenu m’importe peu, je ne me souviens même plus de quelles expositions il s’agissait et des classements. Mais maintenant que vous m’en parlez, je me rappelle de Yoko de Atlas Asio qui a gagné deux fois, la première il a terminé 1er exc. Jeune et la deuxième 1er Exc ouverte/ meilleur de race. Volcán de Atlas Asio et son propriétaire, M. Escobar, ont également obtenu de bons résultats dans des expositions de beauté même si aujourd’hui, ils s’investissent dans des compétitions sportives, c’est d’ailleurs le premier chien de race Espagnole à avoir été reconnu internationalement en chien de travail. Un autre chien, Romo, a été sorti du ring pour s’être jeté sur un juge, c’est quelque chose que je ne comprendrais jamais, cette volonté qu’un chien de garde et de défense reste impassible quand un juge tendant son bras vient et va devant lui. Peut être que seuls peuvent être présentés des chiens « Light » dans ces expositions. J’ajouterai que mes chiens font parties de cette minorité qui ressemble à ceux que l’on peut voir sur les vieilles gravures, il serait logique qu’en les présentant à n’importe quelle exposition, ils obtiennent de bons résultats. Je crois que beaucoup de « pseudo éleveurs » ferait tout ce qui est en leur pouvoir pour avoir le même palmarès que les chiens d’atlas Asio.
Q.
Quelle est votre opinion sur les autres races des îles, comme le Ca de Bou, le Ca de Bestiar, le Bardino Majorero, etc… ?

A.
C’était des chiens très durs et fonctionnels, vraiment des chiens fantastiques, mais je me dis qu’ils ont perdu toutes ces qualités pour lesquelles ils ont été créés, et nous retournons à ce que j’ai dis précédemment, ils ressemblent à leurs ascendants mais ils ont perdu leur fonctionnalité. Prenons en compte, par exemple, le Majorero, il pouvait garder des semaines un troupeau sans que quiconque vienne lui donner à manger, il devait être un chien très fort pour endurer son travail avec un régime aussi spartiate. Les majoreros ont été sélectionnés naturellement, les plus faibles mourraient, même s’il en reste très peu aujourd’hui, le peu qui subsiste garde les caractéristiques propres à la races, ce qui en fait son essence. Je porte spécialement l’attention sur le fait, que dans les expositions spéciales des races espagnoles, célébrées dans l’Escorial, nous ne voyons jamais de Majoreros qui est pourtant une race emblématique. A chacun de tirer ses propres conclusions.

 

Q. - Que pensez-vous des derniers évènements, malheureux, et la campagne contre les prétendues "races dangereuses" commencées par les médias et les institutions ? Pensez vous qu’elles puissent affecter le Presa Canario ?


A.  Bien, je crois ici que nous devons différencier deux aspects très importants et qui ont été négligés. D’abord, nous savons ce qui s’est passé (un am’staff a attaqué une femme), puis les médias se sont emparés de cette situation afin de spéculer sur le monde des combats : un sujet plus sensationnel et plus vendeur que l’attaque malheureuse de ce chien sur cette femme. Quinze jours après l’accident, nous n’en savions pas davantage sur cette histoire, alors que des articles sont encore rédigés sur les combats. Pourquoi ? La réponse est simple : le monde des combats de chiens s’inscrit dans le monde illégal des paris, des multimillionnaires, de la mafia, de la drogue de tout ce qui circule de mauvais dans ce monde, naturellement, il est logique que l’on écrive sur le sujet. Ceci influera t’il sur le Presa canario ? Je crois pour ma part que l’American Pitbull a plus à perdre, c’est une race à la mode, et elle empêche à des éleveurs de Rotweillers, de Bergers Allemands, de Boxers, etc… de vendre plus de chiens. C’est naturel que certains soient contents de ce qui arrive au Pitbull. D’autres éleveurs, des races précédemment citées, voyant ce qui arrivait ont pris le parti de devenir des experts de l’American pitbull Terrier.




(Atlas de Atlas Asio)


P. - Alors, croyez-vous que la popularité déjà en berne de l’american pitbull terrier continuera t’elle à se dégrader ?


A.  Évidemment, ce qui se produit est comparable au Presa Canario, maintenant, quelqu’un qui possède un mâle et une femelle peut se définir en tant qu’éleveur, d’autres profitent de l’effet « mode », et du jour au lendemain deviennent éleveurs, profitant des multiples demandes vendent des chiens croisés pitbull à 30000 pesetas. Je suis le premier à avoir eu des American pitbull Terrier en Espagne, et je peux certifier que ceux que j’avais n’avaient rien à voir avec ceux que l’on peut voir actuellement. Ces chiens d’aujourd’hui sont le produit de croisement avec les amstaff, afin d’obtenir un maximum de chiots pour les revendre, beaucoup de sujets vivant en Espagne sont le résultat de ces croisements.




Quant au déclin de l’American pitbull terrier, les chiens ont toujours combattu, par simple distraction (les bergers faisaient combattre leurs matins, les mineurs leurs pits en Irlande et en Angleterre, les cochers leurs bouledogues Français en France, les Canariens leurs perros de presa, etc…) et encore aujourd’hui, seulement pour voir qui est le plus fort. Ce phénomène se produit dans les parcs, mais si il y a un pitbull concerné dans une seule de ces bagarres, les médias prendront possession de l’information, à moins que ce soit les chiens des autres races, quelles qu’elles soient, qui sortent victorieux des combats. Tout ceci va de pair avec les décérébrés qui lâchent leurs chiens, toujours plus puissants, sur une personne se promenant tranquillement dans la rue avec son chien ; et avec toutes les campagnes réalisées contre cette race, bien que beaucoup de personnes la nient comme telle, qui est incluse dans le groupe des Terriers. Pour finir, elle deviendra une race hors la loi, et il sera difficile d’acquérir un Pitbull, Je ne crois pas qu’ils réussiront à la faire disparaître quand même.


 

Q. – Revenons au Presa Canario, et pour terminer cette entrevue, quel sera dans l’avenir la place de vos chiens dans la race de Perro de Presa canario, M. Asensio ?



A.  le Presa Canario doit avoir en lui le meilleur de toutes les races qui ont été utilisées pour sa reconstruction, de cette manière, je crois que mes chiens en sont de grands exemples, c’est pourquoi je veux juste désigner mes chiens par ces trois mots : Loyauté, Courage et Intelligence. Ceci prévaut n’importe quel papier.



Q. - et quant à vos lignées?
A.  (il pense un moment). Mes chiens sont différents, ils resteront connus comme les chiens d’Atlas Asio, qui auront gardé le caractère des presas.


C’est sur ces mots que s’est achevée cette conversation intéressante, nous connaissons désormais un nouveau point de vue sur cette grande race, point de vue qui n’aura laissé personne indifférent.
Nos mercis vont à Gabi de « Iron Bull" pour avoir rendu cette entrevue possible, ainsi qu’au restaurant "El Manjar de Tlamanca" pour nous avoir laissé occuper les lieux, à Raquel et à Toni pour leur collaboration.


Luis Lozano – première parution dans le magazine espagnol « Molosos, terrier y perros de presa »-1998A. -


Avis des Contes de Lola :

 

Cette entrevue de l’éleveur Juan Carlos Asensio nous donne un point de vue sur le Perro de Presa canario qui ne peut laisser indifférent et, surtout, nous incite à réfléchir plus profondément sur la race.


Comme nous en avons toujours défendu l’idée, le Perro de Presa Canario (aujourd’hui Dogo Canario) est une race « exotique » et non « européenne », et elle doit être respectée en tant que telle. Ainsi, le caractère, la fonctionnalité et la santé d’un chien doivent toujours prévaloir sur le physique (même si nous lui accordons une grande valeur).


Il nous parait de toutes façons évident que chaque éleveur se doit de prendre en compte les qualités physiques des chiens qu’il marie, non pas pour faire des chiots des futurs champions d’expositions de beauté, mais bien pour que les tâches pour lesquelles le Perro de Presa canario a été créé soient réalisables par le Dogo Canario, qui est un chien de travail avant tout. Et comment peuvent-elles l’être si le chien a un museau de lévrier ou de bulldog Anglais ? Ou s’il est trop frêle ?  Ou s’il est trop lourd ? Le Dogo Canario doit de toutes les manières dégager une impression de puissance et son physique doit être sa première arme contre les intrus venus rôder autour de la propriété.


Mais le Dogo Canario est avant tout un caractère bien trempé, un tempérament hors du commun. Il ne doit pas être le gentil labrador déguisé que certains voudraient qu’il soit, pour des raisons financières, esthétiques, etc. Ces gens-là n’aiment certainement pas le Dogo Canario pour ce qu’il est et sont même dangereux pour l’avenir de la race. En effet, le Dogo Canario a gardé son atavisme ancestral et il faut plusieurs générations pour fixer un caractère et des aptitudes à une race. Certains éleveurs ont entrepris de « gommer » cet atavisme sans tenir compte des risques qu’ils font courir aux propriétaires qui achèteront ces chiens dénaturés, plus faciles à vendre à n’importe qui. Rien ne prouve que ces Dogo Canario « light » ne reprendront pas leur caractère au détour d’une situation particulière, ni que les rejetons de ces Dogo Canario « light » seront aussi « light » que leurs parents. Cette politique risque donc de disséminer des « bombes à retardement » un peu partout en France. Néanmoins, cette dangerosité n’existe plus dès lors que cet atavisme est pris en compte dès le départ par l’éleveur qui s’entourera d’un maximum de précautions avant de réaliser une vente.

Espérons seulement que cette race ne devienne jamais à la mode. Le Perro de Presa Canario est un chien extraordinaire et pas un « bon toutou », il doit être un excellent gardien et un protecteur de premier ordre au courage exemplaire, ce qui n’empêche pas de faire de lui un chien sûr dans sa famille (Il est conscient de sa force et ne s’en servira jamais à mauvais escient), fidèle, loyal et obéissant.