des contes de Lola

des contes de Lola Dogo Canario

Dogo Canario

Juan Perez Marrero : Un éleveur de légende

Juan Perez Marrero : Un éleveur de légende

Utilisé depuis ses origines pour le combat et la garde, le Perro de Presa Canario voit son existence en danger à partir des années 40. A cause de l’interdiction des combats décrétée par Franco et de la guerre civile, l’élevage de Perro de Presa Canario allait decrescendo.

 

De ce fait, à partir de ce moment, les combats devinrent clandestins, l’élevage et la sélection du Perro de Presa Canario s’effectuaient dans l’ombre. Ceci, d’une certaine manière, fut bénéfique pour la race, l’on stoppa les croisements entre les chiens mâtinés afin d’améliorer la combativité et l’on commença à croiser les purs sangs, ce qui eut pour effet d’épurer la race et d’obtenir une approche plus raciale. Dès lors, et jusqu’aux années 60, l’introduction dans les îles du berger allemand a failli porter un coup fatal à la race. Ce fut une époque noire pour nos Perro de Presa, leur nombre diminuait jusqu’à en pouvoir les compter et leur popularité ne cessait de décliner. Cependant, l’amour voué à la race prouve que des personnes comme Don Juan, éprises d’une passion et d’une affection sans limites, véhicula l’antidote contre l’extinction quasi-totale du Perro de Presa Canario. Un amour que lui a laissé en héritage son père, tout comme la passion qu’il lui a transmis pour la confection de splendides colliers (il a d’ailleurs gardé une collection de colliers fabriqués entre 1936 et 1952, souvenirs inoubliables d’une vie passée). Les colliers réalisés de ses mains sont d’ailleurs une de ses fiertés personnelles.


Don Juan nous fait partager son expérience du Perro de Presa Canario. Résumons rapidement sa large contribution dans le monde du Perro de Presa canario : il a toujours participé à toutes les expositions monographiques du Presa canario, tant sur l’île de Grand Canarie que sur celle de Tenerife. Plus de 150 prix légitiment son travail de sélection, dont un même qui l’honore de PÈRE DE LA RACE, le récompensant de ses efforts réalisés en tant d’année de travail, le saluant pour la centaine de portées passées entre ses mains, le gratifiant pour son obtention d’un titre de champion d’Espagne, en étant toujours resté intègre.

 

HISTOIRE

Q- Comment a débuté votre relation avec le Perro de Presa Canario ?

R- Elle a débuté dès que je suis né, mon père était éleveur, il faisait naître des Perros de Presa. Il n’en avait pas beaucoup car il n’avait pas assez de nourriture pour les entretenir.

 

Q- Alors ? Que leur donnait il à manger ?

R- En ce temps il leur donnait à manger du gofio (ndt : farine de céréale grillée consommée dans les îles Canaries) et de l’afrecho (la carcasse du grain), elles se cultivaient attachées sur une tunera (ndla : plante d’origine mexicaine très répandue sur les îles Canaries) ou sur un figuier.

 

Q- Pour ce qui nous intéresse, les seuls qui possédaient des chiens étaient ils seulement des éleveurs ?

R- Et bien, les propriétaires de chiens étaient des éleveurs, mais il y avait également des marchands et des gardiens d’immeuble.

 

Q- Et les marchands ? Leurs donnaient-ils de la viande ?

R- Les marchands ? Oui, ils pouvaient. Mais comme ils vendaient tout, les chiens en mangeaient peu.

 

Q- Combien pesaient ces chiens ?

R- Les chiens ne dépassaient pas les 40-45 kilos. Si un chien dépassait ce poids, c’est que son propriétaire lui donnait de bonnes gamelles.

 

Q- Pourquoi les marchands possédaient-ils des Perros de Presas Canarios ?

R- Les marchands vendaient du bétail, les chiens les accompagnaient.

 

Q- Quelle était la fonction du chien ?

R- Le chien gardait le bétail et aidait à le conduire au champ.

 

Q- Résumons, Don Juan : Combien de chiens pouvait on compter dans chaque zone ?

R- Quatre chiens. Quelque fois plus.

 

Q- Discutons maintenant de l’aspect et de la morphologie du Perro de Presa Canario, à quoi ressemblait-il ?

R- C’était des chiens de petites tailles en règle générale, la lèvre supérieure tombait sur l’inférieure et la couvrait un peu. Le poil était rude et court. Ceux qui descendaient directement du majorero étaient plus agressifs. Ils avaient une grosse tête, un museau large et fort, une poitrine ample, ils étaient plus larges que haut.

 

Q- Et au sujet de la robe ?

R- On pouvait voir des bringés, des fauves, des noirs et des blancs, mais les gens préféraient les bringés.

 

Q- Et ces chiens noirs et blancs : à quels chiens ressemblaient-ils ?

R- Ces chiens semblaient descendre du Grand Danois, c’était de grands chiens, avec un cou très large. Les noirs avaient une marque blanche au niveau du poitrail, très caractéristique, en forme de losange, comme en avaient les matins de Naples.

 

Q- Comment ces chiens étaient-ils venus sur les îles ?

R- Ils étaient arrivés par bateaux, et là, on les croisaient avec des Presas.

 

Vargas de Casa Pancho

LES COMBATS

 

Q- Le Perro de Presa possédait-il naturellement un instinct de combat ?

R- Le chien sentait quand il allait combattre.

 

Q- Quelles caractéristiques possédaient les meilleurs chiens de combat ?

R- Ceux qui descendaient du Majorero, qui avait une dentition complète et bien implantée.

 

Q- Qu’était-ce qu’un chien qui « tondait » ?

R- C’était un chien qui, quand il en voyait un autre, montrait les dents et les claquaient. Alors, le chien en face, déstabilisé, ne voulait plus combattre, excepté les plus courageux qui attaquait par le corps.

 

Q- Qu’étaient ce que les « pechadas » ?

R- C’était les combats entre les jeunes chiens, pour les entraîner, afin qu’ils puissent devenir plus agressif et acquérir de la maîtrise. On n’appelait pas cela des combats mais des « pechadas » car ils étaient organisés entre amis, par exemple avec ton chien et le mien. Les combats se passaient entre des chiens d’un certain âge qui avaient fait plusieurs « pechadas »

 

Q- Y avait il quelques règles à suivre  pour ces « pechadas » ?

R- Oui, l’on confrontait deux chiens face à face, à une certaine distance, on les rapprochait pour qu’ils tentent de se mordre, on séparait les chiens si l’un des deux …

 

Q- Comment s’organisaient les combats ?

R- Ils s’organisaient dans des fêtes. Par exemple, mon père était allé à une foire d’élevage et il avait emmené son chien, un autre éleveur avait emmené le sien en disant qu’il était meilleur, c’étain ainsi l’occasion d’organiser un combat de chien.

 

Q- Quand combattaient ils ?

R- Le dimanche matin, c’était le seul jour de la semaine chômé.

 

Q- Et où les chiens combattaient-ils ?

R- Quand les maîtres se défiaient, ils posaient une date et le lieu du combat, cela pouvait être la semaine d’après ou dans les quinze jours qui suivaient, dans un paddock.

 

Q- Nous pouvons également observer que certains exemplaires n’ont pas les oreilles coupées. Qu’est ce qui influence le choix de l’éleveur ?

R- Le Chien utilisé pour le bétail, dans les bois ou, autrefois, pour les combats a plus de risque de se déchirer les oreilles. Ainsi, on coupe les oreilles du chiot pour éviter les blessures. C’était aussi pour éviter qu’ils ne se mordent les oreilles pendant qu’ils se battent. Avec les oreilles coupées, le risque pour le chien de se faire mal est diminué.

 

LE CARACTÈRE DU PERRO DE PRESA CANARIO

 

Q- Comment se comporte le Perro de Presa en famille ?

R- C’est un chien noble, au caractère bien trempé, excellent gardien, qui aboie de manière forte et sèche. Il est un ami de la famille, attentif avec les enfants, sérieux qui peut montrer des signes d’agressivité contre des étrangers ou d’autres chiens, mais uniquement quand cela est nécessaire.

 

 

LE PERRO DE PRESA CANARIO AUJOURD’HUI

 

Q- Comment voyez vous l’évolution du Presa Canario ?

R- Nous voyons aujourd’hui des Presas Canarios de plus en plus beaux, nous ne voyons plus de chiens noirs, ou blancs. Les chiens ont tous un masque noir complet, même sur les chiens de couleur fauve ; et ils sont tous de taille moyenne. Si, je pense réellement que les chiens se sont améliorés.

 

Q- Avons-nous perdu quelque chose ?

R- Les chiens ont perdu en agressivité, je me souviens d’un de mes chiens qui, quand je le promenais, se méfiait de tout, restait attentif, prêt à parer toutes les situations. Les chiens d’aujourd’hui, pas tous heureusement, faibles de caractère, me rappellent des petits chiens de compagnie.

 

Q- Ce caractère est il récupérable ?

R- Si, mais c’est avant tout le travail du maître, nous pouvons élever et éduquer un chien avec beaucoup de tempérament sans arriver à l’agressivité.

 

Q- Quel conseil donneriez vous à une personne souhaitant faire naître une portée ? Que doit il chercher ?

R- Dans une portée, vous devez choisir le chiot le plus courageux, celui qui vient vers vous sans aucune hésitation. Vous devez aussi choisir le chiot qui aura la truffe la plus large, la tête la plus large, celui qui sera plus large que haut, avec une forte ossature, ridé, à la peau lâche, l’implantation de la queue haute, le corps arrondi et avec de grosses pattes, les dents biens implantées et placées.

 

 

Heureusement, le futur du Presa Canario a rencontré une ambition de récupération assez importante. Quand, à partir de 1975, l’intérêt pour la race augmenta. Ceci contribua à une continuation dans l’élevage, si bien que l’on aboutit à la dénomination de la race. En 1982, le club Espagnol du Perro de Presa Canario naquit, avec le but de reconstruire la race et d’obtenir sa reconnaissance officielle. Pour y parvenir, l’on organisa des expositions monographiques dans les provinces canariennes. Enfin, en 1986, année phare pour la race, le Perro de presa Canario obtint sa reconnaissance et son officialisation, d’abord sur le plan national puis international.

Le Perro de Presa Canario, créé pour les Canariens, sélectionné et parfaitement adapté à notre environnement, autochtone, fait partie intégrante du patrimoine des îles canaries.

Triana de casa pancho