des contes de Lola

des contes de Lola Dogo Canario

Dogo Canario

L'histoire du dogo canario dans ses grandes lignes

L'histoire du dogo canario dans ses grandes lignes

Anciennement nommé Perro de Presa Canario, l’histoire du dogo canario est pour le moins floue et les thèses sur ses réelles origines sont multiples et variées, certaines burlesques, d’autres plus crédibles. N’avons-nous le droit qu’à de belles légendes brodées autour de ce chien ou pouvons nous tirer de tous les textes et documents à notre disposition une quelconque réalité historique ?

Résumons les étapes qui nous paraissent les plus cohérentes et les faits qui nous semblent les plus légitimes :


(Dessin représentant des mendiants avec leurs chiens)


La traduction littérale de Perro de Presa Canario est « chien de proie canarien », nul doute n’est donc possible pour comprendre ce pourquoi il a été créé. Les premières références historiques qui apparaissent dans les « celudarios del calbido » aux 16ème et 17ème siècle confirment son utilisation pour chasser, voire tuer, les animaux nocifs. Dans ces registres municipaux, communs à chaque île et tenus par les autorités canariennes de l’époque, nous pouvons y lire les graves problèmes qu’a rencontré la population canarienne, notamment celle rurale, à l’égard des chiens sauvages présent sur les îles qui infligeaient de nombreux dommages sur le bétail. Il y est donc défini sur plusieurs périodes une série de mesures à l’encontre, dans un premier temps, de ces chiens sauvages en vue d’éradiquer les dégâts qu’ils causaient. Nous pouvons également y apprendre que seules certaines personnes pouvaient détenir des chiens, à commencer par Pedro Lugo, conseiller municipal, à qui appartenait deux chiens dressés pour garder les quartiers de Adexe et Abona et chasser (voire tuer) tous les chiens errants. Les bouchers aussi avaient droit de s’accompagner de deux chiens pour se rendre sur le marché du bétail, il est intéressant de noter que ces chiens leur servaient également à la capture du bétail avant l’abattage.

 


Dès lors, grâce aux services qu’avaient rendu ces gros chiens aux Canariens, il y eut un véritable engouement public pour le perro de Presa Canario. Mais malgré la passion née autour du perro de presa canario, nous déplorons le fait qu’il n’existe aucune description physique de ces chiens jusque dans les années 1900, ni aucun tableau ou portrait connu à ce jour.

 

Dans de nombreux textes contemporains, pour ne pas dire la quasi-totalité, on peut lire que le Perro de Presa Canario était aussi un chien de combat, mais ce n’est absolument pas ce pourquoi il a été créé. La pratique des combats n’est arrivée qu’au début du XXème siècle, et ce n’est qu’à partir de cette période que la sélection sur les chiens les plus agressifs envers les autres, les plus forts et les plus hardis combattants débuta. Le presa idéal prenait son adversaire à la gorge et ne lâchait plus sa prise pendant plus de vingt minutes ; les autres qui n’attaquaient qu’aux pattes, les « pateros », étaient vite écartés de la reproduction. Les jeunes chiens faisaient leurs armes dans des combats appelés « pechadas » par les canariens, organisés entre amis, où on ne laissait les chiens se battre que jusqu’à ce que l’un des deux prennent l’ascendant sur l’autre. Les combats d’adultes se déroulaient dans des grandes fêtes le dimanche matin en général, dans lesquelles on organisait également des combats de coqs et même de béliers. Les combats d’animaux étaient vraiment rentrés dans les mœurs, et la population s’en était entiché à tel point que, quand franco décréta l’arrêt pur et simple des combats en 1941, le perro de presa canario, à qui l’on ne prêtait plus que la fonction de chien de combat (d’autres chiens servaient désormais pour la chasse, la garde, et la conduite du bétail), disparut.

 


(Tamay)


Ce n’est que dans les années 1970, que l’on veut reconstruire le Perro de Presa Canario, pour des raisons différentes selon les îles de Gran Canary et Ténérife. Les habitants de Gran Canary étaient nostalgiques des combats racontés par leurs aïeux, et ceux de Tenerife se souciaient plus de l’esthétique et de ses aptitudes à la garde, en voulant conserver un instinct de famille. Un problème de taille se pose néanmoins sur les deux îles, il n’existe plus qu’une très faible quantité de chiens. Sur l’île de Gran Canary, on n’hésite pas à avouer l’intégration d’autres races dans le programme de récupération, pour principalement améliorer la combativité et l’agressivité des chiens. Sur l’île de Ténérife, on soutient encore le fait que la race ne fut récupérée qu’avec des chiens de race pure par un groupe de passionnés, théorie qui nous semble être une belle fable inventée en vue d’avaliser son existence et pouvoir prétendre à sa reconnaissance par les instances officielles. Cette reconnaissance aboutit en 2001, mais entraîna encore des difficultés dans le monde du Perro de Presa Canario.

(CH Taucho)