des contes de Lola

des contes de Lola Dogo Canario

Dogo Canario

Les chiens pré hispaniques des îles Canaries

Les chiens pré hispaniques des îles Canaries

Quand en novembre 1404, les hommes de Béthencourt recherchaient des natifs de Lanzarote, il est prouvé qu’ils étaient accompagnés de chiens. Cependant, aucune référence historique ne nous donne d’indication sur le type de chiens qu’ils possédaient, il nous est donc impossible de savoir s’il s’agissait de Mastiffs, de bergers ou encore de chiens de chasse. Il nous est tout de même autorisé de penser qu’ils étaient grands, destinés à la garde, la défense et la guerre (bien qu’il n’y ait aucune preuve sur le fait qu’ils aient été employés à la capture des indigènes).


Un auteur contemporain mal informé a écrit que les indigènes se sont servis de leurs chiens pour se défendre des conquérants. Seulement, il n’a jamais été en mesure de fournir une seule référence historique confirmant cette théorie. Nous en concluons donc qu’elle n’est que pure imagination, une invention basée sur un esprit romanesques et fantaisiste.

 



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La première évocation réelle relative aux chiens des îles Canaries (l’île de Ténérife en l’occurrence) date du 3 septembre 1515. Il est dit : « Aucun habitant ne devrait posséder un chien chez lui, auquel cas il se verrait dans la contrainte de le maintenir attaché toute la journée. Seul les éleveurs de porcs sont autorisés à posséder un chien à la seule et unique condition qu’il ne s’agisse pas d’un chien local ».



Du 16ème au 18ème siècle, de nombreux chiens errants infligèrent des dommages conséquents sur le bétail. Ainsi, l'île de Ténérife décida de prendre les mesures nécessaires afin de pallier ces problèmes. Une ordonnance, datée du 5 février 1516, se lit comme suit :


" Compte tenu des dommages infligés au bétail par des chiens appartenant à toutes sortes de vagabonds ou de braconniers qui acquièrent des chien dans le but de chasser ou voler.

Compte tenu que certains de ces chiens divaguent seuls, retournent à l’état sauvage et deviennent plus dangereux que des loups.


Compte tenu qu’il a déjà été ordonné que quiconque possédait un chien devait le tuer, à l’exception des bouchers, autorisés à s’accompagner de deux chiens sur les marchés de la viande à condition qu’ils soient continuellement attachés, sauf pour garder le bétail :

Il a été décidé que les deux chiens appartenant au conseiller municipal Pedro de Lugo devraient rester à Adexe et Abona pour chasser, voire tuer, ces chiens sauvages sous réserve qu’ils restent aux périphéries de la ville et qu’ils soient bien dressés."


En deux ans , le nombre de chiens errants diminua à vue d'oeil, entraînant une baisse des pertes de bétail. Le 9 avril 1518, un article stipule dans les statuts et accords des hotels de Tenerife: "Les chiens de Pedro de Lugo jouent un rôle important au sein de l'île, tout comme, notamment, les chiens de bouchers. Ses chiens ont tué un grand nombre de chiens sauvages, dont on peut voir leur peau à l'hotel de ville. Il serait juste de rémunérer cet homme pour les services qu'il a su rendre à la communauté et lui confier le rôle de gardien. Tous les éleveurs de bétails devraient participer et demander à ce que Valdez et Las hijas soutiennent une loi pour atténuer ces problèmes."


Cinq ans plus tard, le 15 février 1523, Valdèz ordonna qu'aucun chien, excepté les chiens nocifs (ceux qui tuent le bétail), ne doit être tué. Il assigna Castellano et Gallitano de choisir des chiens destinés à tuer les chiens sauvages

 

Sur l'île de Fuertaventura existait également le problème des chiens sauvages. On peut lire, par exemple, dans un accord de Bétancuria daté du 21 octobre 1624: "Le député Sebastian de Betancor a exigé le massacre des chiens sur l'île, à cause des dommages qu'ils ont infligé. Tous les résidents et habitants de l'île doivent tuer leurs chiens, excepté un chien de chasse qu'ils peuvent garder pour veiller sur leurs maisons, à condition qu'il soit attaché. L'euthanasie doit avoir lieu dans les huit jours suivants sous peine de payer une amende de 600 Maravedi." 

 

Il est surprenant de constater qu'il n'existe aucune description physique de ces chiens que les Canariens aimaient tant. Aucune trace de leur apparence ne figure nulle part, et ce même dans la tradition orale datant d'avant les temps modernes. Nous nous permettons cependant de penser que ces chiens pouvaient ressembler à leurs ancêtres espagnols, les chiens (ou bouledogues) de chasse immortalisés par des peintres célèbres tels que Vélasquèz, Goya, Castellanos, Branchard, Perea y Rojàs et Pérez Villaamil. Nous avons pu également relever dans L’Encyclopédie des Taureaux, œuvre de l’écrivain Jose Maria de Cosso (1893-1977) : « Les chiens utilisés étaient appelés Alanos. Ces chiens de prises Espagnols étaient forts et corpulents, avaient une grosse tête, les oreilles tombantes (souvent taillées pour éviter les blessures dans les luttes pour capturer leurs proies), Le museau plat, et la queue longue. »  Force est de conclure que, malgré une utilité commune, les chiens se différenciaient déjà d’un propriétaire à un autre et que la race présentait déjà des signes importants d’hétérogénéité.

 

Tout ce que nous savons de ces chiens antiques est qu'ils se sont rendus utiles à bien des égards. En plus de leurs rôles de chasseurs de chiens sauvages, ils aidaient à immobiliser le bétail destiné à l'abattage, avant de servir pour garder les maisons et les fermes  et de conduire le bétail (fonctions qui ne datent que de ces dernières décennies).

 

Aujourd’hui, en dépit des faibles découvertes sur le sujet, quelques passionnés soutiennent la thèse que certains spécimens des chiens « antiques » des canaries  ont atteint les années 70, sans en apporter la moindre preuve réelle de ce qu’ils avancent. Du point de vue de ces cynophiles, le presa Canario moderne a été construit à partir du croisement de ces chiens « antiques » et d’autres chiens de prise importés sur les différentes îles.